Composé de quatre nouvelles évoquant les mêmes personnages (le personnage narrateur changeant à chaque fois), Le salut viendra de la mer est un ouvrage bien étrange et déroutant. Le cadre spatio-temporel en est flou : nous savons à peu près où et quand cela se passe (après la crise de 2008, dans une île grecque inventée par l’auteur) mais en ayant en même temps l’impression que tout est figé dans un espace-temps immémorial. Il en est de même quant à l’intrigue : nous comprenons bien ce que font les personnages, mais le cadre narratif dans lequel ils le font est comme indéterminé. Tout ceci donne aux nouvelles un caractère fabuleux, mythique, qui nous rapproche des récits antiques – ce que j’ai surtout retrouvé dans la troisième nouvelle, dans laquelle un homme recherche désespérément son fils.
Ce qui est plus moderne, c’est que le langage est parfois recherché, parfois au contraire très cru ; la narration est soit à la première personne, soit à la troisième personne ; la syntaxe est, à certains moments, extrêmement instable, avec des phrases très longues peu ponctuées, très répétitives, rendant leur sens confus. Dans tous les cas, ces éléments varient selon le personnage qui est narrateur, chacun racontant directement ou indirectement son histoire, la raison pour laquelle il a choisi de venir s’exiler sur cette île…
J’ai eu vraiment du mal avec la première nouvelle, ne sachant pas trop dans quoi je m’embarquais, à tel point que j’ai pensé abandonner ma lecture : le style ne me convenait pas et l’histoire me semblait ahurissante, sans aucun intérêt. J’ai persévéré, et j’ai eu raison : les trois autres nouvelles étaient bien plus intéressantes et lisibles, décrivant la situation grecque de ces dernières années avec beaucoup de violence et de pessimisme.
Une lecture qui ne fut donc pas simple au départ, mais qui est devenue intéressante après avoir passé le cap de la première nouvelle que je n’ai pas vraiment appréciée.